La peste, Albert Camus

« – Naturellement, vous savez ce que c’est, Rieux ? – J’attends le résultat des analyses. – Moi, je le sais. Et je n’ai pas besoin d’analyses. J’ai fait une partie de ma carrière en Chine, et j’ai vu quelques cas à Paris, il y a une vingtaine d’années. Seulement, on n’a pas osé leur donner un nom, sur le moment… Et puis, comme disait un confrère : « C’est impossible, tout le monde sait qu’elle a disparu de l’Occident. » Oui, tout le monde le savait, sauf les morts. Allons, Rieux, vous savez aussi bien que moi ce que c’est… – Oui, Castel, dit-il, c’est à peine croyable. Mais il semble bien que ce soit la peste. »

Roman d’après-guerre, la ville d’Oran symbolise la défaite française de juin 1940 et l’épidémie, le nazisme qui se répand, contagieux. Oran cristallise l’occupation et ses travers : la prise d’otage, la maladie et ses symptômes, la torture, et la guerre.
Albert Camus, journaliste militant engagé dans la résistance française, aborde le cycle de la révolte, après celle de l’absurdité de l’existence décrite dans « L’étranger », paru en 1942. Ainsi, le Dr Rieux qui tente désespérément de venir à bout de cette pandémie, de soigner, de soulager, voire de sauver des vies, est un résistant contre l’épidémie, mais, aussi, contre le nazisme. Silencieusement, courageusement, il n’abandonne pas et continue la lutte, là où l’abattement et le fatalisme s’installent durablement.
Camus, philosophe exprime ses idées sur l’Homme en pareille circonstance, le bien et le mal, l’attitude de l’individu devant ce fléau. Il dénonce l’égoïsme et l’individualisme mais il peint aussi ce qu’il y a de meilleur en l’individu : l’entraide et la solidarité qui unie les hommes entre eux, la résistance dans la maladie, l’amitié contre la solitude : « Dire simplement ce qu’on apprend au milieu des fléaux, qu’il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de chose à mépriser ». « Les hommes sont tous les mêmes. Mais, c’est leur force et leur innocence, et c’est ici que par-dessus toute la douleur, Rieux sentait qu’il les rejoignait ».


1984, George Orwell

Année 1984 en Océanie. 1984 ? C’est en tout cas ce qu’il semble à Winston, qui ne saurait toutefois en jurer. Le passé a été réinventé, et les événements les plus récents sont susceptibles d’être modifiés. Winston est lui-même chargé de récrire les archives qui contredisent le présent et les promesses de Big Brother. Grâce à une technologie de pointe, ce dernier sait tout, voit tout. Liberté est Servitude. Ignorance est Puissance. Telles sont les devises du régime. Pourtant Winston refuse de perdre espoir. Avec l’insoumise Julia, ils vont tenter d’intégrer la Fraternité, une organisation ayant pour but de renverser Big Brother. Mais celui-ci veille…

1984 est une œuvre poignante qui dépeint un futur dystopique où la liberté individuelle est écrasée par un régime totalitaire. L’intrigue est captivante et soulève des questions profondes sur la surveillance, le contrôle de la pensée et la manipulation de l’information. Un livre qui fait réfléchir sur les dangers d’un pouvoir omniprésent et la perte de la liberté.


Rhinocéros, Eugène Ionesco

« Ce sont eux qui sont beaux. J’ai eu tort ! Oh ! comme je voudrais être comme eux. Je n’ai pas de corne, hélas ! Que c’est laid, un front plat. Il m’en faudrait une ou deux, pour rehausser mes traits tombants. Ça viendra peut-être, et je n’aurai plus honte, je pourrai aller tous les retrouver. Mais ça ne pousse pas ! (Il regarde les paumes de ses mains.) Mes mains sont moites. Deviendrontelles rugueuses ? (Il enlève son veston, défait sa chemise, contemple sa poitrine dans la glace.) J’ai la peau flasque. Ah, ce corps trop blanc, et poilu ! Comme je voudrais avoir une peau dure et cette magnifique couleur d’un vert sombre, une nudité décente, sans poils, comme la leur ! »

Dans cette pièce en trois actes, deux amis, Jean et Bérenger, regardent, incrédules et sidérés, les gens se transformer progressivement en rhinocéros. Même Jean finit par être atteint de « rhinocérite » qui contamine toute la société. Une réflexion sur la manière dont le totalitarisme se répand, métamorphosant les individus en leur ôtant toute humanité.