
Objectifs:
- Lire des portraits littéraires de pirates
- Découvrir le portrait littéraire et en connaitre la recette – ingrédients, organisation-
- Découvrir des illustrations de personnages de pirates
- Imaginer et composer le portrait de son pirate
Portrait d’un vieux loup de mer
Un début de roman
Le texte qui vous est proposé est une traduction des deux premières pages du roman L’Île au trésor, que son auteur, l’écrivain britannique Stevenson, destinait à un jeune public.
Il s’agit donc ici pour l’auteur de présenter :
- l’époque
- le lieu
- les personnages
- le début de l’intrigue
- et de piquer la curiosité du lecteur, de lui donner envie de connaître la suite.
L’époque et le lieu où se déroule l’histoire
- L’intrigue est située au XVIIIe siècle. Bien des années peuvent séparer le narrateur de l’aventure qu’il raconte (« Je me souviens de lui comme si c’était hier »).
- Les noms propres permettent de situer l’action en GrandeBretagne (Trelawney, Livesey, l’Amiral Benbow) et, comme l’indique le champ lexical de la mer, sur la côte, dans une auberge, « un lieu isolé », pourtant proche d’une bourgade d’où l’on peut venir à pied en faisant porter les bagages sur une brouette.
Notes pour mieux comprendre le texte
- L’Amiral Benbow : C’est le nom de l’auberge. John Benbow (1653-1702) a remporté de nombreuses victoires sur les Français et les Espagnols, dans les mers des Antilles.
- Et cette inquiétante chanson « Quinze matelots... »: Selon la revue Geographical, de la Royal Geographical Society, l’îlot du Coffre du mort est l’une des Îles Vierges britanniques, archipel situé dans la mer des Caraïbes. Au début du XVIIIe siècle, le pirate Edward Teach – Barbe Noire – aurait puni des mutins en les abandonnant pour trente jours sur ce petit îlot, sans eau ni nourriture. Chacun reçut un coutelas et une bouteille de rhum, afin qu’ils s’entretuent. À son retour, trente jours plus tard, il ne restait que 15 survivants. C’est ce sombre épisode que raconterait « cette vieille chanson de mer».

Vos missions: questionnements et analyse pour bien comprendre le texte
Activités :
- Découverte du texte : écoute et lecture en parallèle.
- Vos impressions de lecture :
- Comment définiriez-vous l’atmosphère de ce début de roman?
- Quelle couleur attribueriez-vous au personnage à l’honneur dans le texte?
- Quelles informations/ indications ont attiré votre attention et vous semblent importantes dans cet extrait ?
Mise en commun de nos découvertes
Impressions de lecture, Incipit de l’Ile au trésor- La chasse au trésor: un jeu pour approfondir sa lecture
- Travail en îlots de coopération: dresser le portrait d’un pirate
Votre mission:
- Travail silencieux INDIVIDUEL durant 10 mn : enquête au cœur du premier chapitre !
- Mise en commun au sein de vos îlots :
- Mettez vos réponses en commun, complétez, discutez et argumentez lorsque vous constatez des différences dans vos réponses. Vous devez parvenir à un choix commun.
- Complétez enfin proprement votre fiche commune d’îlot.

Mise en commun de nos observations et analyses
L’art du portrait
Un portrait en action
- Ce début de roman est centré sur un personnage, le vieux marin, décrit en action. Le lecteur fait connaissance du vieux marin, comme le narrateur, en assistant à son arrivée. Il aperçoit d’abord sa silhouette (« haute taille, fort, lourd »), puis découvre ses traits à mesure qu’il approche : le teint et le costume le frappent d’abord, puis les mains et la cicatrice.
- Viennent ensuite ses premières paroles et ses premières actions, puis ses faits et gestes habituels, qui permettent de mieux le connaître et favorisent le mystère autour de sa personne.
Un portrait physique
Nous sommes guidés par le regard du narrateur et nous découvrons progressivement :
- son teint : Son teint «rôti par le soleil», «couleur de brique», à une époque où l’on se garde soigneusement du soleil, ne peut convenir qu’à un marin, un paysan ou un étranger (le bronzage n’a été recherché qu’au début du XXe siècle, quand il est apparu comme un luxe)
- son aspect redoutable : le visage marqué d’un « coup de sabre »… « cicatrices… balafrée… un air furibond… taper dur »,
- sa force : « grand, lourd et athlétique… »
- sa malpropreté : « Queue de cheval goudronnée… col graisseux».
Ce physique annonce un personnage inquiétant, ce que le portrait moral confirmer
Le portrait moral
Il est tout d’abord suggéré à partir du portrait physique, qui fait apparaître le vieux marin comme un individu dangereux. Mais le portrait moral se dessine aussi des actions et des paroles du visiteur.
- Il se conduit avec brutalité et montre un parfait mépris des autres (« il frappait comme un sourd à la porte avec un gros bâton qu’il avait au poing… dit-il rudement… il jeta trois ou quatre pièces d’or au sol… il ne répondait pas ») ; il leur parle avec arrogance (« camarade… baraque »).
- Son aspect misérable contraste avec sa prétention (« Appelez-moi Capitaine »).
- Pourtant, ce personnage est visiblement inquiet : il cherche un endroit « isolé », peu fréquenté, guette constamment la côte et s’inquiète « des gens de mer » qui pourraient aussi venir « par la route ». Ce comportement d’homme traqué contribue beaucoup au mystère, au « suspense » et capte ainsi la curiosité du lecteur.
Portrait du Capitaine Crochet
Peter Pan est l’histoire d’un enfant qui ne veut pas grandir et qui vit au pays imaginaire. Ses aventures sont rythmées par ses affrontements avec le terrible Capitaine Crochet, qui ne lui a jamais pardonné de lui avoir coupé la main. Le Capitaine apparaît ici au milieu de son sinistre et sanguinaire équipage.
Au milieu d’eux, le plus noir et le plus gros joyau de ce sombre écrin, voici enfin Jacques Crochet, le seul homme, dit-on, qu’ait jamais craint le Cuistot-des Mers. Il se prélasse, allongé dans un vulgaire chariot tiré et poussé par ses hommes qu’il aiguillonne de temps à autre avec son terrible harpon. Ce redoutable individu traite ses comparses comme des chiens, et comme des chiens, ils lui obéissent. Il a le teint de bistre d’un cadavre enfumé et frise ses cheveux en longues boucles qui, de loin, ressemblent à des chandelles noires et donnent un air sinistre à sa noble physionomie. Ses yeux sont teintés d’un bleu de myosotis et de profonde mélancolie, sauf quand il vous plonge son crochet dans le corps et que s’allument au fond de ses prunelles deux horribles lueurs rouges.
D’allure racée, un air de grand seigneur est resté collé à sa personne, air dont il ne se sépare jamais, même pour vous crocheter le ventre de sa griffe. Et je me suis laissé dire que ses talents de conteur sont fort prisés. D’autant plus courtois que ses intentions sont sinistres (ce qui est une preuve authentique de savoir-vivre), il soigne sa diction alors même qu’il profère des jurons. Bref, la distinction de ses manières témoigne à l’évidence qu’il n’est pas sorti du même tonneau que le reste de l’équipage.
D’un courage indomptable, la seule chose qui l’effarouche est la vue de son propre sang, qui est épais et d’une couleur insolite. Dans sa façon de se vêtir, il singe la mode du temps de Charles II, quelqu’un ayant fait remarquer, alors qu’il débutait dans la carrière, qu’il ressemblait étrangement aux infortunés Stuarts. À la bouche, il a un ingénieux fume-cigare de sa fabrication, qui lui permet de fumer deux cigares à la fois. Mais, sans conteste, la partie la plus rébarbative de sa personne, c’est son crochet de fer.
JAMES MATTHEW BARRIE, PETER PAN
À vos plumes…

À votre tour d’imaginer le portrait de votre pirate! Un seul mot d’ordre: laissez parler votre imaginaire, votre créativité et laissez-vous imprégner …Quelle redoutable légende seriez-vous? À quoi ressembleriez-vous? Quels seraient vos principaux traits de caractère? N’oubliez pas de saupoudrer d’un peu de vocabulaire de la piraterie pour pimenter judicieusement votre portrait!



