La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, Philippe Delerm

« C’est facile, d’écosser les petits pois. Une pression du pouce sur la fente de la gousse et elle s’ouvre, docile, offerte. Quelques-unes, moins mûres, sont plus réticentes – une incision de l’ongle de l’index permet alors de déchirer le vert, et de sentir la mouillure et la chair dense, juste sous la peau faussement parcheminée. Après, on fait glisser les boules d’un seul doigt. La dernière est si minuscule. Parfois, on a envie de la croquer. Ce n’est pas bon, un peu amer, mais frais comme la cuisine de onze heures, cuisine de l’eau froide, des légumes épluchés – tout près, contre l’évier, quelques carottes nues brillent sur un torchon, finissent de sécher. Alors on parle à petits coups, et là aussi la musique des mots semble venir de l’intérieur, paisible, familière. On parle de travail, de projets, de fatigue – pas de psychologie. »
On dit que la vie n’est pas simple et que le bonheur est rare. Pour Philippe Delerm, il tient en trente-quatre « plaisirs minuscules ». Il évoque ici tour à tour, sous forme de petites séquences, la satisfaction immense qu’il tire tantôt de petits gestes insignifiants, tantôt d’une bienheureuse absence de gestes. Toutes les saisons sont évoquées dans ce petit ouvrage délicieux qui s’apparente presque à un manuel du bonheur à l’usage des gens trop pressés. Les plaisirs de la table y ont une place privilégiée et, tout comme les plaisirs d’un autre ordre, font ressurgir avec humour et nostalgie l’univers de l’enfance, chez le narrateur comme chez le lecteur, rendus complices par la merveilleuse banalité des situations décrites. Grâce à ce traité de vie simple, Delerm nous rappelle que prendre le temps, socialement ou à part soi, n’est pas une perte de temps. Certaines séquences sont toutefois ambiguës, comme celle sur Le Dimanche soir. S’ouvrant sur la description d’une joie, elles s’achèvent avec gravité sur une sensation douloureuse, comme pour nous rappeler que le bonheur, s’il n’est pas rare, est tout de même précieux
Le soleil et ses fleurs, Rupi Kaur
Le deuxième recueil de Rupi Kaur, l’auteur phénomène qui est devenue la voix de toute une génération.
c’est la recette de la vie
disait ma mère
lorsqu’elle me tenait dans ses bras quand je pleurais
pense à ces fleurs que tu plantes
dans le jardin chaque année
elles vont t’apprendre
que les gens eux aussi
doivent se faner
tomber
pourrir
se redresser
pour fleurir

Et si un livre pouvait mettre des mots sur ce que vous ressentez sans jamais oser le dire ? Le soleil et ses fleurs de Rupi Kaur est bien plus qu’un simple recueil de poésie : c’est un phénomène qui a conquis des millions de lecteurs à travers le monde. Pourquoi un tel succès ? Parce que cette poétesse a révolutionné la poésie en la rendant accessible, viscérale et profondément actuelle.
Pas besoin de décrypter des alexandrins pendant des heures : ces poèmes courts, illustrés et percutants se lisent comme on écoute une chanson qui nous parle. Ils explorent des thèmes qui vous concernent directement – l’amour, la rupture, l’identité, les relations toxiques, le féminisme, l’immigration – et résonnent comme des confidences universelles capables de vous toucher en plein cœur.
Comme un jardin qui traverse les saisons, ce recueil vous emmène dans un voyage intime en cinq étapes : faner, tomber, s’enraciner, s’élever, fleurir. De l’hiver du chagrin au printemps de la renaissance, Rupi Kaur vous invite à découvrir la douleur de grandir, mais aussi et surtout, la force incroyable de se relever et la beauté de renaître.
Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire, section « Spleen et idéal »

« Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ? Au fond de l’inconnu, pour trouver du nouveau ! » Ces vers du « Voyage » éclairent à eux seuls l’entreprise du poète. Esprit vagabond, toujours mobile, Baudelaire explore les dédales de la conscience. Il atteint tantôt à l’extase, tantôt se perd dans les abîmes du péché.
À travers ses poèmes, il nous fait partager le drame qui se joue en lui et qui n’est autre que la tragédie humaine. Baudelaire, premier poète moderne, donne à la poésie sa véritable dimension : exprimer, par-delà les mots, ce vertige absolu qui s’empare de l’âme. Tout chez lui, en lui affirme la nécessité de la souffrance, la fatalité du péché. Tout traduit en lui une âme profondément troublée mais charitable. Baudelaire fait des Fleurs du Mal un immense poème de la vie et du monde.
