Travail en îlots
Activités en îlots- Escale2-séance 3 par Magali VAN KELSTMise en commun
Avant de lire le texte…
- Il s’agit d’un extrait de L’Odyssée qui se situe au chant XII de l’épopée, donc dans le même chant que le discours de Circé sur Scylla (étudié dans la séance 1). Le texte est en prose, mais on sait qu’il s’agit d’une traduction d’un texte poétique écrit à l’origine en grec ancien. Il s’agit non de récit ou de dialogue cette fois, mais du discours tenu par Circé à Ulysse. On le voit grâce aux guillemets qui encadrent ses paroles.
Faire résonner le texte
- Comme le cyclope, les sirènes semblent de cruelles anthropophages mais elles sont plus rusées puisqu’elles charment les hommes afin de les dévorer. Par contre, elles ne ressemblent pas aux sirènes plus modernes que l’on imagine plus facilement en parlant de « sirènes » : charmantes par leur personne en plus de leur voix, mi-femmes mi-poissons, comme La Petite Sirène du conte danois d’Andersen et La Petite Sirène de Walt Disney
Vocabulaire
- Le verbe « charment » a le sens des verbes « attirent », « séduisent », mais aussi celui des verbes « envoûtent », « ensorcellent ».
- Les trois mots de la famille du nom « amas » : amasser, ramasser, ramassage. On peut remplacer par le synonyme « tas ».
- Les mots qui se rapportent au thème du son et de l’audition : « ecoute », « dire », « chant », « écoutent », « oreilles », « entende », « écoute », « écouter », « voix », « ordonnes ». Ce champ lexical est abondant ici car c’est le chant qui caractérise les sirènes.
Lecture & Écriture
- Il est impossible de relever des éléments de description physique des sirènes car Homère ne les décrit pas, il met en avant leur voix.
- On devine que les sirènes dévorent les marins qu’elles ont séduits et attirés par leur chant. En effet, Circé explique à Ulysse que « tous ceux qui, par imprudence, écoutent leur chant son perdus. Jamais leurs femmes ni leurs enfants ne les revoient. » De plus, les « amas d’ossements d’hommes et de peaux pourrissantes » sont les seuls éléments qui restent de ces marins.
- La sirène n’est ni un poisson, ni une musicienne, ni encore moins un personnage aimable, l’illustration correspondant au récit d’Homère est donc la 3° (vase grec).
- Dans l’ordre chronologique :
- L’image 3 date de l’Antiquité grecque, c’est un vase appelé « stamnos », qui servait à conserve le vin. Ce vase appartient au style à figure rouge, avec un dessin de la couleur de l’argile sur un fond de vernis noir. Ce style de vase remonte au VI° siècle avant J.-C.
- L’image 1 provient d’un bestiaire anglais du Moyen Âge: l’enlumineur présente la sirène comme une créature effrayante, avec un corps écaillé, des ailes, des serres et un bec. Dès le VI° siècle, Isidore de Séville – dont l’œuvre connaît un large retentissement au Moyen Âge – précise que les sirènes ont des ailes et des griffes, parce que l’amour est volage et blessant. Elles vivent dans la mer comme Vénus, déesse de l’amour née de l’écume. (source BNF)
- L’image 4 est également une image médiévale. Cette sirène musicienne figure dans le cortège de Neptune. L’enlumineur confond ici la sirène avec le fils du dieu des mers, Triton, moitié homme, moitié poisson, qui souffle dans une conque (source BNF). On devine que cette sirène est plus tardive que la précédente, car son corps s’éloigne de celui d’un oiseau. Elle s’apparente à une femme séduisante. Elle ne semble plus menaçante.
- L’image 2 est extraite du dessin animé pour enfants La Petite Sirène de Walt Disney (1989). C’est une adaptation du conte du danois Hans Christian Andersen dont il modifie complètement la fin tragique pour la rendre heureuse.
Je retiens
- Avec le temps, la figure de la sirène a beaucoup évolué : elle est passée progressivement d’une créature oiseau avec une tête de femme à une créature mi-femme, mi-poisson.
- C’est dans les bestiaires médiévaux que s’est opérée la mutation. Les légendes nordiques mettant en scène des femmes de mer sont venues influencer les légendes méditerranéennes de sirènes ailées.
- Ces créatures repoussantes et animales sont devenues de plus en plus séduisantes et féminines. Elles séduisaient par leur chant et séduisent peu à peu aussi par leur physique.
- Enfin, ces créatures monstrueuses représentaient un danger de mort mais, peu à peu, elles sont devenues des créatures en danger qui souffrent de ne pas être humaines et sont prêtes à sacrifier leur voix pour le devenir, comme on le voit chez Andersen puis chez Disney.
Je prépare ma mission
Les cruelles anthropophages qui charment les marins par leurs voix pour les piéger et les dévorer sont devenues plus séduisantes et de moins en moins cruelles, jusqu’à subir leur physique hybride et vouloir devenir humaines à tout prix.
